Marche des femmes
Sherie Margaret Ngigi
Tout au long de l’histoire, les femmes
du continent africain ont exploité le
pouvoir de l’action collective pour
remettre en cause les structures
oppressives. Que ce soit par la
chanson, la protestation ou les
mouvements en ligne, leur résistance
a été une force vitale dans la lutte
contre l’injustice sociale. Cette
tradition d’activisme ne se limite pas à
une seule nation ou à un seul moment
dans le temps, mais traverse les
générations et les frontières, comme
en témoignent les luttes historiques
et contemporaines. Tout comme les
femmes sud-africaines se sont unies
en 1956 avec Wathint’ abafazi, wathint’
imbokodo, les récents mouvements
au Kenya démontrent que la lutte
pour la justice et l’égalité continue à
se répercuter sur tout le continent, les
femmes étant à la tête de l’appel au
changement.
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Sherie Margaret Ngigi, End Femicide, photographie, 2024
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Dans cet esprit, la photographe
kenyane Margaret Ngigi présente
une série fascinante d’images en noir
et blanc, prises entre 2022 et 2024,
qui documentent une manifestation
menée principalement par des
femmes contre l’épidémie croissante
de féminicides au Kenya. À travers son
objectif, Ngigi ne met pas seulement
en lumière la résilience et l’action des
femmes dans leur vie quotidienne,
mais souligne également le besoin
critique de s’attaquer aux problèmes
systémiques et sociaux qui minent
l’autonomie corporelle des femmes et
leur droit à la sécurité.
Le féminicide est une crise très répandue sur le continent africain et symptomatique d’une violence et d’une discrimination sexistes profondément enracinées. Malgré la lutte persistante pour les droits fondamentaux - tels que le droit de vivre librement et selon ses propres conditions - les femmes ne sont toujours pas en sécurité et respectées. Le travail de Ngigi nous rappelle avec force la lutte permanente pour l’égalité et le besoin urgent de.
Le féminicide est une crise très répandue sur le continent africain et symptomatique d’une violence et d’une discrimination sexistes profondément enracinées. Malgré la lutte persistante pour les droits fondamentaux - tels que le droit de vivre librement et selon ses propres conditions - les femmes ne sont toujours pas en sécurité et respectées. Le travail de Ngigi nous rappelle avec force la lutte permanente pour l’égalité et le besoin urgent de.
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Dans le cadre de la manifestation
2022-2024, qui comprenait des
marches organisées par des groupes
de défense des droits de l’homme et
un activisme en ligne, des femmes
de tous horizons se sont rassemblées
pour condamner la culture
omniprésente de la violence fondée
sur le genre dans leurs communautés
et exiger la justice et des réformes
systémiques. Elles ont demandé aux
autorités de rendre des comptes et
de mettre fin à l’impunité qui entoure
les affaires de féminicides. Leur
courageux défi n’a pas seulement
mis en lumière les taux alarmants
de violence à l’égard des femmes, il
a également remis en question les
normes patriarcales bien ancrées
qui entretiennent l’inégalité et la
discrimination entre les sexes. Face
à l’adversité, ces mouvements ont
incarné la résilience et la solidarité,
lançant un puissant appel au
changement et à un avenir où les
femmes pourront vivre sans craindre
la violence.
En examinant les puissants
mouvements contre le féminicide
au Kenya, nous constatons qu’ils
reflètent le rôle essentiel que joue
l’autosuffisance dans la construction
de communautés fortes. Les
manifestations organisées par
des femmes issues de milieux
divers illustrent l’importance de
l’autonomisation individuelle. Pour
qu’une communauté puisse prospérer
et plaider efficacement en faveur du
changement, ses membres doivent
d’abord veiller à leur propre bien-être.
L’accent mis sur l’action personnelle
crée une base solide pour l’action
collective, où les individus peuvent
contribuer de manière significative à
leur cause commune.
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Sherie Margaret Ngigi
KenyaSherie Margaret Ngigi est une artiste visuelle, photographe et cinéaste kenyane dont le travail explore les thèmes de l’identité, de la féminité et du changement social. Basée au Kenya, Ngigi utilise la photographie et le cinéma pour documenter son parcours personnel et les complexités d’une enfance au Kenya dans un monde en pleine mutation. Sa pratique photographique a débuté en 2015, et elle s’est rapidement imposée comme une étoile montante de la scène artistique Est-Africaine. Son travail a été récompensé par des prix prestigieux tels que le Prix 2022 de la photographie d’Afrique de l’Est et une nomination pour le Photographe émergent de l’année 2020 de Photo Londres.
Les photographies de Ngigi se concentrent souvent sur des moments intimes et des récits personnels, capturant la beauté et la résilience de l’esprit humain. Ses expositions individuelles, notamment « Murky Waters (Eaux troubles) » (2020) à Londres et « Forever Is Not Ours (L’éternité ne nous appartient pas) » (2023) à la galerie d’art contemporain One Off, mettent en évidence sa capacité à créer des images puissantes et qui suscitent la réflexion. Son travail a également été présenté dans des foires d’art internationales telles que Photo Basel et Photo London avec AKKA Project.
En 2023 et 2024, Ngigi étend sa pratique à la photographie documentaire, avec des oeuvres telles que « End Feminicide (Mettre fin au féminicide) » (2024), « Names of the Fallen (Les noms de celles qui sont tombées) » (2024), « She’s Someone (Elle est une personne) » (2024) et « Voices of Resistance (Les voix de la résistance) » (2024), qui traitent toutes de questions sociales urgentes et plaident en faveur de la justice et de l’égalité. Ces oeuvres soulignent son engagement à utiliser l’art comme outil d’activisme et de changement social. À travers son art, Ngigi cherche à créer un dialogue visuel sur les défis et les opportunités que les jeunes ont à relever.